Résumé
Après dix ans de silence, Franck téléphone un soir à ses parents.
Curieusement, c'est un petit garçon qui décroche. Plus curieusement
encore, il s'appelle Alexandre, comme son frère disparu des années
auparavant. Franck décide alors de revenir dans la ferme familiale.
Louise, elle, a prévu d'y passer quelques jours avec son fils. Franck et
Louise, sans se confier, semblent se comprendre. "On ne refait pas sa
vie, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste", pense Franck en
arrivant. Mais dans le silence de cet été ensoleillé et chaud, autour
d'un enfant de cinq ans, "insister" finit par ressembler à la vie
réinventée. L'Amour sans le faire, c'est une histoire de la tendresse en
même temps qu'un hymne à la nature, une nature sauvage, imprévisible,
qui invite à change, et pourquoi pas à renaître.
Mon avis
J'ai pu découvrir cet auteur en ayant
été sélectionnée à la masse critique de Babélio, et je ne le
regrette pas !!
Franck a choisi de quitter la ferme
familiale il y a des années pour partir vivre à Paris et réaliser
son rêve de travailler dans le cinéma, mais son boulot de cadreur
n'est pas vraiment satisfaisant. Il a laissé son frère cadet
Alexandre s'occuper de la ferme, mais Alexandre est mort.
Louise était la femme d'Alexandre,
elle a vécu à la ferme avec les beaux-parents, puis ils se sont
installés au moulin quelque temps avant le drame. Elle est alors
partie vivre en ville. D'une rencontre qui n'aurait du durer qu'un
soir, elle a eu un enfant, et elle l'a confié à ses anciens
beaux-parents. Elle travaillait dans une usine mais est maintenant en
chômage technique.
Dans la première moitié du roman,
l'auteur alterne les chapitres consacrés à chacun des 2
personnages. Chacun se prépare à se rendre dans cette ferme à la
campagne où ils n'ont pas remis les pieds depuis longtemps. Cela
nous permet de découvrir leurs vies respectives, leurs blessures,
leurs douleurs, leurs échecs...et met en évidence un parallèle,
une similitude de leurs vies gâchées.
Ils ont tous les 2 été marqués par
le même drame, qu'ils ont vécu chacun de leur côté en solitaire.
Ensuite ils se retrouvent là-bas tous
les deux, autour de l'enfant de Louise, Alexandre, une tornade de
vitalité et d'énergie de 5 ans.
Alors qu'ils ne se sont aperçus qu'une
fois, le jour de l'enterrement, une évidente complicité va
s'installer entre eux, entre les interdits et la culpabilité des
sentiments. On est loin d'une histoire d'amour palpitante, romantique
ou sensuelle, ici ce sont les non-dits, les silences et une
compréhension de leurs blessures mutuelles qui vont créer un lien
bien réel.
Le style de l'auteur est très
agréable, poétique, envoûtant, il fait ressortir les émotions et
les sentiments de façon très juste, très touchante...
Le sens de la vue est sollicité par
l'usage de la caméra de Franck, les bruits et les sons sont très
présents par la sensibilité des personnages qui retrouvent un
environnement autrefois familier.
Et c'est dans cet endroit connu et
retrouvé, qu'ils vont commencer leur reconstruction et pouvoir
envisager une nouvelle vie, une promesse d'avenir...
L'auteur relate très exactement les
mentalités paysannes, les rivalités entre voisins, les rancunes qui
peuvent dater de plusieurs générations, le caractère bourru de
cette famille...Le récit est bien ancré dans l'actualité avec
l'évocation du chômage technique, reprise d'usine, délocalisation,
subventions pour les plantations d'arbres...
Très belle histoire pleine de poésie,
d'émotions et de sentiments, où les mots sonnent justes et vrais.
Extraits :
« Elle craindrait même de se
rapprocher d'un homme qu'elle n'aimerait pas, mais qui serait là, ce
serait terrible de s'habituer à sa présence, le manque que ça
ferait naître si là encore, pour une raison ou pour une autre, il
devait disparaître ou s'éloigner. Aimer, ce serait de nouveau
s'exposer à la peur, la peur d'être dépossédée une seconde fois.
Cet homme qu'elle aimait avant, il lui servait de repère et de
raison d'être. Dans l'amour il y a bien plus que la personne qu'on
aime, il y a cette part de soi-même qu'elle nous renvoie, cette
haute idée que l'autre se fait de nous et qui nous porte. [...]
C'est toujours dangereux de miser son
destin sur un homme. C'est si fragile, un homme. »
« […] quand on atteint ce genre
d'arguments, c'est qu'on est tombé bien bas ; quand on en est à se
dire ça, c'est vraiment qu'on est sur l'autre versant de l'amour.
Ce qui les retenait, c'était cette
totale habitude qu'ils avaient l'un de l'autre, à force de rester
ensemble on ne tient plus à l'autre, mais on tient par l'autre, et
là, c'est beaucoup plus délicat, ça demande une énergie folle de
se déprendre, ou de la haine pure, à moins de miser sur l'événement
d'une nouvelle rencontre, celle qui redonne la folie de recommencer à
zéro. »
"La curiosité, pour l'un comme l'autre,
c'était de se retrouver face à un être un peu jumeau. Ils en
étaient au même point. Il n'y avait presque rien à se dire, ils se
comprenaient par le simple fait de regarder en soi. Souvent quand on
se rencontre, on se parle, on se dit beaucoup de choses, on se livre,
puis petit à petit on ne se dit plus rien, on se tait, on se devine.
Là c'était comme s'ils n'avaient pas eu besoin de la première
étape. Franck n'avait pas peur. Cet aveu, au contraire, le
rassurait, le réconfortait. Il n'était pas le seul à se sentir
perdu. Et cette complicité lui donnait ce qu'il faut de lucidité
pour de nouveau tout envisager. »
« […] treize ans de vie commune
qui n'auront accouché de rien, ils se seront d'abord aimés, ensuite
ils seront restés ensemble, sas désir ni projet, et n'auront pas eu
d'enfant. L'enfant, c'est toujours une manière de s'inventer une
suite, de se construire un avenir, en dehors de quoi il ne reste plus
rien, d'un couple une fois défait il ne subsiste plus rien, sinon
des murs parfois, des souvenirs éparpillés dans la tête de chacun,
mais les souvenirs, c'est rarement les meilleurs qui dominent, c'est
souvent les derniers. »
« Franck se sentait apaisé,
absorbé sur cette idée de l'instant, seul le moment compte, le
reste est passé ou compromis, l'avenir une totale incertitude. »
« Parfois il arrive de se sentir
instantanément proche d'êtres dont on n'a pas vraiment fait la
rencontre, mais naturellement un lien se tisse, sans effort, sans
volonté, par le seul fait d'une gigantesque coïncidence. »
« Que
vous aimiez La
route.
ou Kathy
Reichs., Faulkner. ou la
fantasy.,
Babelio vous invite toute l’année à découvrir des critiques de
livres.
et à dénicher
les meilleurs livres.
en allant sur Babelio.com.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire