Résumé :
“Ne me touche pas” je lui murmure. Je mens mais ne lui dis pas. J’aimerai qu’il me touche mais ne lui dirais jamais. Des choses arrivent quand on me touche. Des choses étranges. De mauvaises choses. Des choses mortelles.
Juliette est enfermée depuis 264 jours dans une forteresse pour un accident. Un crime. 264 jours sans parler ni toucher personne. Jusqu’au moment où un gardien vient partager sa cellule. Derrière sa nouvelle apparence, elle le reconnaît : c’est Adam, celui qu’elle aime en secret depuis toujours.
Mon avis :
Voilà un roman qui faisait déjà
beaucoup parler de lui avant sa sortie, je comprends mieux pourquoi !
Je n’avais jamais trop lu le résumé ni les avis en détail, une
bonne chose ! La 4ème de couverture avait suffi à
m’inspirer, et du coup, j’ai eu la chance de le lire en
partenariat avec Livraddict et les éditions Michel Lafon.
Premier point : je ne m’attendais
pas vraiment à ce genre d’histoire, je pensais plus avoir affaire
à du fantastique alors qu’on est en pleine dystopie, et pas
inintéressante d’ailleurs !
Une civilisation qui ressemble beaucoup
à ce que pourrait être la nôtre dans peu de temps…Dommage que
cet aspect-là soit seulement esquissé dans ce tome, mais je pense
qu'il ne sert que d'introduction à l'univers du prochain. Les
éléments donnés sur la fin sont très révélateurs de l'esprit éclairé de l'auteur...
Juliette a 17 ans et est enfermée dans
un asile qui ressemble plus à une prison, car elle détient un
pouvoir particulier, elle peut tuer quelqu’un en le touchant…On
lui assigne un nouveau codétenu, Adam, qui lui pose des questions,
cherche à la connaître. Très vite, elle va reconnaître en lui un
ancien copain d’école. Elle recommence à se sociabiliser en sa
présence.
Mais en fait Adam est un soldat au
service du Rétablissement et du chef du secteur, Warner.
Un jour, elle est emmenée à Warner,
qui veut se servir d’elle et de son pouvoir. Il lui offre le luxe
et la sécurité, une nouvelle vie pour se venger des humiliations
qu’elle a toujours subies, en échange de sa coopération. Elle
refuse, elle ne veut pas faire de mal ni tuer. Pour sortir de cette
violence, peut-elle faire confiance à quelqu'un et à qui ?
Juliette a toujours été mise de coté
à cause de sa différence et du danger qu’elle représente, tout
le monde l’a toujours considérée comme un monstre et c’est ce
qu’elle pense être. Sa vision d’elle-même est intimement liée
à celle des autres. Elle ne connaît que le rejet ou la peur de la
part des autres.
Mais Adam va lui faire modifier sa
vision d’elle-même et du monde...
Encore une fois, on assiste à une
transformation par l’amour. L’amour d’Adam va permettre à
Juliette de faire ses propres choix et même de prendre des décisions
cruciales quand il ne sera pas en état de la guider. Et surtout elle
n’est plus une paria, elle est aimée !
L’auto-censure des pensées et des
paroles est ici traitée de façon originale, puisque ce qu’elle
pense et ne dira pas est écrit, rayé, et remplacé. Elle tente de
contrôler tout ce qu’elle peut dire. Au début, beaucoup de
phrases sont écrites et rayées et plus on avance dans le livre,
plus Juliette prend confiance en elle et fait confiance à d’autres,
moins il y a de phrases ou de mots rayés…
Les chiffres sont très présents,
surtout au début, ils encadrent et sécurisent l’univers de Juliette, ils sont
son rempart contre la folie. Le chiffre 3 notamment se retrouve
partout et principalement dans les mots ou morceaux de phrases
qu’elle se répète, comme des prières, une allusion à la
Trinité ?
L’écriture est magique, envoûtante,
les symboles forts…l’oiseau dont elle rêve et qu’Adam s’est
fait tatouer, illustre le lien puissant qui s’est créé entre eux,
même quand ils étaient séparés, en plus de représenter la
liberté et l’espoir.
Amour, liberté, espoir, pouvoir,
folie, violence, peur, mais aussi poésie, font de ce roman une histoire
magnifique et poignante, où j'ai été très souvent émue aux
larmes, saisie par la beauté des mots et des images ! Enorme coup de
coeur ♥ !
Un grand merci à Livraddict et aux
éditions Michel Lafon !!
Citations :
"- Alors, pourquoi tu ne me dis pas
ton nom ?
Il se penche et je me fige.
Je dégèle.
Je fonds.
Je murmure :
- Juliette. Je m’appelle Juliette.
Ses lèvres s’adoucissent en un
sourire qui craquelle ma colonne vertébrale. Il répète mon nom, à
croire que ça l’amuse. Ça le distrait. Ça l’enchante.
« La terre est plate.
Je le sais parce qu’on m’a poussée
dans le vide et ça fait dix-sept ans que j’essaye de me cramponner
au bord. J’essaye de remonter depuis dix-sept ans, mais c’est
presque impossible de vaincre la pesanteur quand personne n’est
prêt à te tendre la main.
Quand personne ne veut courir le risque
de te toucher. »
« La lune est une compagne
fidèle.
Elle ne te quitte jamais. Elle veille,
tenace, connaît nos parts d’ombre et de lumière, change au gré
de nos humeurs. Chaque jour, elle offre une version différente
d’elle-même. Tantôt faible et blême, tantôt forte et
resplendissante. La lune sait ce que c’est que d’être humaine.
Incertaine. Seule. Grêlée
d’imperfections. »
« Je retiens mon souffle et mes
yeux sont écarquillés, prisonniers de l’intensité de son regard.
Je ne peux pas les détourner. J’ignore comment battre en
retraite. »
« L’audace me tente, j’ai
mal, j’ai mal, j’ai mal, j’en crève de vouloir toujours ce que
je ne pourrai jamais avoir. »
« De toutes mes forces, j’ai
tenté de ne plus penser à lui.
De toutes mes forces, j’ai essayé
d’oublier son visage.
De toutes mes forces, j’ai cherché à
chasser ces yeux bleus, bleus, bleus de ma tête, mais je le connais,
je le connais, je le connais. Je l’ai vu pour la dernière fois il
y a trois ans. Je ne pourrai jamais oublier Adam. »
« Le Rétablissement a promis un
avenir trop parfait pour être réalisable et la société était
trop désespérée pour ne pas y croire. Les gens n’ont jamais
compris qu’ils confiaient leur âme à un groupe déterminé à
exploiter leur ignorance. Leur peur. »
« Ses mains m’attirent à lui
et mon visage se plaque contre sa poitrine, et le monde devient
soudain plus éclatant, plus grand, plus beau. Le monde signifie
soudain quelque chose pour moi, l’existence éventuelle d’une
humanité signifie quelque chose pour moi, tout l’univers se fige
et tourne dans l’autre sens, et je suis l’oiseau. Je suis
l’oiseau et je prends mon envol. »
« L’espoir m’enlace, me tient
dans ses bras, en chassant mes larmes et en me disant
qu’aujourd’hui, demain, dans deux jours j’irai très bien, et
ça m’exalte tellement que j’ose en effet y croire. »
« Ses mains tremblent de manière
imperceptible, ses yeux débordent de sentiments, son coeur palpite
de douleur et d'affection, et je veux vivre là, dans ses bras, dans
ses yeux pour le restant de mes jours."
"Je voulais juste t'entendre parler. Je
voulais que tu me voies, que tu me souries. Chaque jour sans
exception, je me promettais de te parler. Je voulais que tu saches.
Mais chaque jour, j'avais la trouille. Et un beau jour, t'as disparu.[...]
ça a l'air dingue, reprend-il enfin
d'un ton si calme. De penser que je tenais autant à toi sans jamais
t'avoir parlé. (Il hésite.) Mais je ne pouvais pas m'arrêter de
penser à toi. De me demander où tu étais partie. Ce qui t'était
arrivé."
« Je suis à court de mots. J'ai
des lettres plein les poches, mais je suis incapable de les
assembler, et je crève tellement d'envie de dire quelque chose que
je ne dis rien, et mon coeur va éclater en jaillissant de ma
poitrine."
« Ses yeux évoquent un instant,
au coeur de la nuit remplie de souvenirs, les seules fenêtres à
s'ouvrir sur mon monde. »
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