Mon avis :
Ce conte de Perrault revisité et transposé à notre époque est frais, agréable et se lit vite.
On assiste à la naissance et à l’évolution de deux
personnages, en alternance, jusqu’à leur rencontre.
Déodat est hideux, mais très intelligent et vif ;
Trémière est très belle mais contemplative et passe pour une idiote. Ils
grandissent dans des milieux très différents mais ils subissent de la même
façon les moqueries et les insultes des autres toute leur vie,
parce que la laideur comme la beauté sont insultées et repoussées. Chacun d’eux
a construit son monde à part, s’est forgé sa carapace.
Ces 2 personnages si opposés sauront pourtant voir au-delà
des apparences.
Ce roman va plus loin que la simple morale de conte, basée sur
la dualité beauté/laideur, intelligence/bêtise.
La passion de Déodat pour les oiseaux lui permet une
distanciation du monde des humains, une observation très aiguisée de ceux qui l’entourent.
De même, l’aptitude de Trémière pour la contemplation, lui
permet de voir plus loin que ce qu’elle regarde.
C’est la raison pour laquelle ce seront leurs âmes qui se
parleront, bien au-delà de leur apparence physique, de l’enveloppe corporelle.
Le côté « conte » fait que les personnages sont
touchants, tout en simplicité et en évidence, on se sent bien avec eux, tout
est simple, juste. Ils acceptent leur condition sans se poser de questions
superflues. Le côté moderne nous offre une critique assez mordante (et juste)
de la société (rapports humains, télévision…).
On se retrouve spectateur du fascinant monde des oiseaux, c’est
un beau plaidoyer pour ce règne qu’on ne regarde plus de la même façon après sa
lecture.
Un roman plein de beauté qui invite à réfléchir à notre
condition humaine (« espèce qui a cédé à la curieuse séduction de la
pesanteur ») en regardant voler les oiseaux !
Extrait :
« Pourquoi inventer la figure de l’ange alors que l’oiseau
existe ?
La beauté, la grâce, le chant sublime, le vol, les ailes, le
mystère, cette gent avait toutes les caractéristiques du messager sacré. Avec
cette vertu supplémentaire qu’il n’était pas nécessaire de l’imaginer : il
suffisait de la regarder. Mais regarder n’était pas le fort de l’espèce
humaine. »
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