jeudi 22 novembre 2012

Les larmes rouges T.1 Réminiscences de Georgia Caldera


Résumé :

« Le temps n’est rien…
Il est des histoires qui traversent les siècles… »

Après une tentative désespérée pour en finir avec la vie, Cornélia, 19 ans, plus fragile que jamais, est assaillie de visions et de cauchemars de plus en plus prenants et angoissants.
Elle se retrouve alors plongée dans un univers sombre et déroutant, où le songe se confond à s’y méprendre avec la réalité.
Peu à peu, elle perd pied…
Mais, la raison l’a-t-elle vraiment quittée ? Ces phénomènes étranges ne pourraient-ils pas avoir un lien quelconque avec l’arrivée de ce mystérieux personnage dans sa vie ? Cet homme qui, pourtant, prétend l’avoir sauvée, mais dont le comportement est si singulier qu’il en devient suspect… Et pourquoi diable ce regard, à l’éclat sans pareil, la terrorise-t-il autant qu’il la subjugue ?!

Mon avis :

J'ai découvert le roman de Georgia à la convention Vampire Diaries de mai 2011, où elle était déjà présente avec son manuscrit...le livre est sorti en novembre 2011, je ne l'ai acheté qu'en mai de cette année à la 2ème convention où elle a pu me le dédicacer, et il a fallu la LC organisée par kincaid40 sur Livraddict et la rencontre pour que je me plonge dedans. J'espère ne pas trop spoiler, ce n'est pas évident, d'en dire un peu sans en dire trop, tellement c'est riche...

A 19 ans, Cornélia n'a aucune raison de vivre. Sa mère est morte, sa meilleure amie également, son père ne s'occupe pas d'elle, elle n'a pas d'amis...Elle a l'impression de sombrer dans la folie, elle entend une voix dans sa tête qui l'encourage à en finir avec la vie, et elle saute d'un pont.
Seulement, elle se réveille à l'hôpital, son père maintenant à ses petits soins, lui apprend qu'un inconnu l'a sauvée. Il lui annonce qu'ils vont partir à la campagne, dans le manoir de ses grands-parents à Rougemont pour qu'elle puisse se reposer au calme.
Tout va bien jusqu'à ces affreux cauchemars et visions qui la paniquent.
On sent la tension monter au fil des chapitres, on commence à paniquer avec Cornélia et à se demander ce qui lui arrive, c'est diablement bien mis en scène...surtout quand les marques « Tu m'appartiens à tout jamais » apparaissent dans son dos, c'est bien flippant !! Qui lui a fait ses marques ? Quand ? Comment ?
Et puis elle apprend que l'inconnu qui lui a sauvé la vie habite le même village, il s'agit d'Henri de Maltombes, le châtelain dont tout le monde se méfie et a peur... Elle va le remercier, et est tout de suite fascinée par cet homme sublime et mystérieux (je la comprends : un châtain foncé aux yeux bleus ♥), mais elle est aussi troublée par le château qu'elle a l'impression de connaître...
Pourquoi ne se sent-elle bien qu'en présence d'Henri ? Quel lien semble les unir ? Et qui est-il ??
Elle va se mettre à faire des rêves étranges, qui ont l'air très réels, dans lesquels elle se voit si semblable et en même temps différente, à une autre époque, dont Henri fait partie également.
Ce va-et-vient entre ses rêves, qui sont en fait les réminiscences d'une vie antérieure, et la réalité de sa vie actuelle, se mêlent à merveille pour lui faire comprendre qui elle est et l'aider à devenir celle qu'elle doit être. On se n'y perd pas une seconde, tout est parfaitement maîtrisé !
Malgré ses 19 ans, Cornélia est extrêmement naïve et innocente, son comportement de la fin n'en est que plus inattendu et explosif, et j'ai hâte de voir cette évolution sur un plan plus personnel dans sa relation avec Henri...
J'avoue que son caractère m'a un peu saoulée quelquefois...quand Henri lui dit qu'elle ne va pas supporter certaines scènes, mais qu'elle insiste pour être avec lui, et qu'au final, elle lui en veut parce qu'elle n'a pas supporté...grrrrr !!!!
Sinon, sa curiosité maladive m'a amusée la plupart du temps, elle ne peut pas s'en empêcher, quitte à faire des gaffes !
Henri...et bien, encore un personnage masculin parfait ;) trop peut-être...il cède trop facilement tout à Cornélia et est toujours à ses petits soins, c'est agaçant parfois, mais on comprend très bien ses réactions et ses sentiments, alors on lui pardonne :)))))
L'écriture est magnifique, les descriptions superbes, les émotions palpables, on sombre dans la folie avec Cornélia et on attend avec impatience que se déclenche le côté obscur de la force ;) !
Mention spéciale pour la remarquable couverture qui a été réalisée par Georgia, puisqu'elle est illustratrice de formation, double talent donc...

Une histoire inédite, un univers original, des vampires, une vie antérieure, un roi puissant, un prince qui ressemble à celui de nos rêves, du romantisme « à l'ancienne », tout est conçu du début à la fin pour nous plonger dans un monde angoissant, palpitant et envoûtant qu'on ne peut pas lâcher !! Un coup de coeur !!

Citations :

« Il était étonnant de voir à quel point certaines choses pouvaient s'ancrer profondément dans la mémoire tandis que d'autres ne faisaient que passer, l'effleurant à peine... »

« Son calme apparent et son air froid, distant et impassible, étaient troublants, voire même déstabilisants. Tout comme l'était son regard...Celui-ci était à la fois magnifique et captivant, mais également tourmenté, et possédait comme une espèce de lueur mélancolique, profonde et indescriptible. »

« Elle ressentit alors quelque chose d'étrange face à ce mystérieux inconnu, comme une sorte d'attirance prééminente et inexplicable. »
 
« De toute façon, cesser de voir le vampire était devenu totalement impossible, elle avait besoin de lui, besoin de ses réponses et de son aide...Depuis qu'elle avait fait sa connaissance, sa vie avait été complètement chamboulée, ses certitudes et ses convictions, avaient été ébranlées, bouleversées pour toujours. Jamais elle n'aurait cru à l'existence d'être de la sorte, ni pouvoir éprouver la moindre compassion à l'égard de ce dernier. Et pourtant...Ils avaient un passé en commun, et cela, malgré tout, c'était un lien unique et puissant, contre lequel elle ne pouvait lutter. Qui plus est, son quotidien était devenu tellement extraordinaire depuis qu'elle l'avait rencontré, parfois effrayant mais si palpitant. Sa vie commençait seulement à devenir intéressante, pour rien au monde elle n'abandonnerait cela. »

« Elle était comme subjuguée, envoûtée par ce sourire, qui, à l'image de tout le reste, paraissait à la fois familier et étranger. Le temps semblait s'être arrêté et les problèmes envolés. Plus rien n'avait d'emprise sur Cornélia, seuls comptaient cette danse magique et délirante, et le regard du vampire. »

« Une petite flamme, qui, au bout du compte, avait sans doute toujours été là, tordait plus que jamais son estomac, se consumant en elle, plus vive et plus ardente que jamais, lui révélant désormais la vraie nature de ses sentiments envers Henri... »
 
"C'est une souffrance terrible, insidieuse, une souffrance de chaque instant, que de sentir renaître au fond de ce vieux corps dépourvu de vie qu'est le mien, les cendres de ces maudits sentiments ; que de sentir repartir au creux de ma poitrine ce feu dévastateur et dément que je croyais à jamais éteint..."


La rencontre sur Livraddict


mardi 20 novembre 2012

La coupable de la Chandeleur de Judith Rapet



Ce livre était dans ma PAL depuis déjà longtemps, il en est sorti parce qu'une rencontre avait été organisée avec l'auteur à Chartuzac le 10 novembre par notre petite association Les P'tits Loisirs Chartuzacais.

La question qu'on se pose toujours en lisant ce genre de livres, c'est quelle est la part de vérité historique et de roman. La note finale nous l'explique déjà mais Judith a pu approfondir.
Marguerite est un personnage qui a réellement existé, tout comme les lieux et les autres personnages cités, tous les noms ont été conservés.
L'histoire se déroule en 1768. Après un an de deuil suite à la mort de son père, Marguerite va passer la veillée de la Chandeleur chez des cousins, elle boit un peu de vin, et ose soutenir le regard d'un jeune homme qui lui plait bien, alors qu'une jeune femme doit baisser les yeux. Il la raccompagne très galamment et elle lui dit innocemment qu'elle est seule à la maison, sa marâtre étant sortie, que le verrou de sa fenêtre ne ferme pas et qu'elle n'est pas rassurée car des voleurs sévissent dans les parages. Marguerite a perdu sa mère très jeune, elle a été élevée par son père, personne ne lui a jamais expliqué « les choses de la vie ». Il faut vraiment comprendre ce contexte-là parce qu'elle est tellement naïve et innocente que ça nous paraît incroyable ! A cette époque, on ne montrait pas de tendresse ni d'affection entre parents et enfants, ni dans les couples, et rien ne se disait.
L'information du verrou ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, et Jean Mesnard va entrer dans la nuit par sa fenêtre et la violer. Elle ne comprend pas ce qui se passe et croit qu'il la demandera en mariage plus tard. Marguerite va bien se rendre compte que son sang ne coule plus tous les mois mais elle ne s'en soucie pas trop, elle a déjà vécu des arrêts suite à un choc ou au temps...Même quand elle va grossir, c'est à cause des fèves qu'elle a mangé, ou de la rétention d'eau...Quand les femmes du village commencent à lui dire qu'elle est « grosse » (enceinte), elle s'en défend et dit que ce ne sont que de mauvaises langues. Mais à l'époque, il fallait faire une déclaration de grossesse auprès du procureur pour être en règle et celles qui ne le faisaient pas pouvaient être accusées d'infanticide si l'enfant était mort-né ou mourait peu après la naissance.
Marguerite va accoucher d'un enfant mort-né, qu'elle va vouloir faire disparaître au lavoir.
Mais les femmes ne sont pas tendres entre elles, au contraire, ce sont les premières à la dénoncer après son accouchement. Elle sera condamnée à être pendue...

Précision apportée par Judith : C’est un édit promulgué en 1556 par le roi Henri II qui obligeait toute femme veuve ou célibataire à déclarer son état de grossesse sous peine d'être poursuivie en crime d'infanticide en cas de décès de l'enfant.
 
Le déni de grossesse est un sujet qui est tristement revenu dans l'actualité depuis quelques années. Ici, on voit Marguerite passer de la naïveté au déni, car même quand toutes les femmes lui disent et que la matrone l'examine et le confirme, ce n'est toujours pas possible pour elle.

Le roman met en avant la condition féminine de cette époque ; la femme n'était rien. Il fallait être mariée et faire des enfants, toutes les autres étaient condamnables ! Celle qui était célibataire était mal vue, celle qui tombait enceinte sans être mariée ou promise était une catin...
La déclaration de grossesse était un acte dégradant pour celles qui devaient s'y soumettre : il fallait avouer avoir connu un homme, ou avoir été abusée, donner son nom pour qu'une enquête soit ouverte...mais sans témoins, on laissait l'homme tranquille, il n'était pas reconnu coupable, pas obligé d'épouser la femme ou de lui verser quelque chose.

Judith a eu accès aux archives des minutes du procès de Marguerite et c'est ainsi qu'elle a pu reconstituer toute son histoire. Dans son malheur, Marguerite aura eu la chance de rencontrer un avocat sensible à sa cause, c'est une exception.

C’est un livre poignant qui nous montre que les femmes étaient condamnées à être malheureuses, seulement parce qu’elles étaient des femmes. Elles devaient se soumettre à un monde d’hommes, une justice d’hommes. Pas de place pour les rêves et les sentiments, la moindre incartade pouvait être fatale !

Judith Rapet est aussi l'auteur de Michelle la Rebelle, La rançon des amants aux éditions Souny
Merci Judith pour cette rencontre enrichissante !!


dimanche 4 novembre 2012

Angela T.1 Mortel secret de Julia M. Tean

Couverture Angela, tome 1 : Mortel secret / La mort est ma raison d'être

Résumé :

Depuis qu'Isaac Hayden est entré dans ma vie, rien n'est plus pareil. Il est beau à se damner, mystérieux, sombre et il va mourir. Je le sais, je l'ai vu, comme j'ai vu mourir ma mère et ma meilleure amie. J'ignore si cette fois je serai assez forte pour combattre la mort, mais je suis prête à tout pour sauver ce bel étranger. Même si je dois me brûler les ailes...

Mon avis :

Oui, j'ai déjà lu Angela, la première version auto-éditée, que j'avais adorée ! Suite à ce coup de coeur, j'ai fait la connaissance de Julia, d'abord virtuelle puis réelle, à Paris, et je lui avais assuré que son roman trouverait son éditeur...et bien voilà, c'est le cas, puisqu'elle a été édité chez Rebelle, et c'est donc cette version que je viens de lire ! Quand je l'ai reçu et que je l'ai ouvert la première fois, feuilleté vite fait, j'ai été touchée de voir mon nom dans les remerciements...mais j'en reparlerai...
 
Je ne vais pas résumer l'histoire à nouveau, mais plutôt essayer de mettre les 2 versions en parallèle car c'est intéressant de voir qu'une seconde lecture, même un peu modifiée, nous apporte un nouvel éclairage et des éléments nouveaux !
La version Rebelle a été retravaillée par-rapport à la première, Julia a modifié des mots, des phrases et a ajouté des passages entiers dans les moments-clés.
J'adore toujours autant son style, sans doute même plus, car les phrases qui ont été coupées donnent plus de rythme au récit, et la poésie de ses mots m'emporte toujours très loin !
 
Cette évidence entre Angela et Zack, les sentiments contradictoires que suscite leur relation, sont encore plus explicites et ont réussi à me toucher de nouveau !
Julia joue avec tous nos sens et les met en éveil. Dès l'arrivée d'Isaac, notre odorat est sollicité, puis la vue, le toucher, le goût, l'ouïe...tout y passe ! C'est un tourbillon de sensations agréables et désagréables qui nous plonge dans son histoire et qui s'intensifie au fil de la transformation d'Angela.
Elle joue aussi à merveille sur les contrastes : l'éblouissante clarté de la neige cache la noirceur d'un monde invisible au commun des mortels, les êtres les plus beaux ne sont pas les meilleurs, ceux qui paraissent repoussants sont prêts à se sacrifier...
Je crois que j'avais raté un personnage important la première fois : la neige ! Cet élément capital, qui va provoquer le changement radical du monde ordinaire d'Angela. La neige, qui transforme les sensations - la lumière est différente, plus éblouissante, elle aveugle, les bruits sont assourdis - , et qui contribue à créer le mystère.
Angela ne s'étonne pas des éléments fantastiques qui entrent dans sa vie...certes, mais quand on peut prévoir la mort de ses proches, voir leur aura quand ils vont mourir et qu'on se croit maudite, il faut avouer qu'il n'y a plus de quoi s'étonner, non ?! Au contraire, c'est plutôt rassurant ! Mais c'est sans doute une question de point de vue !
Certaines critiques lui reprochaient la complexité de son univers pas toujours très clair, et bien voilà qui est corrigé, les nouveaux passages permettent de mieux cerner cet univers qu'elle a créé, il y a plus de détails et d'explications.

L'amour éternel, l'immortalité, l'amitié, le courage, la destinée (devenir qui l'on doit être), la protection de nos anges, autant de thèmes que j'affectionne et qui m'enchantent...
Alors, c'est moi qui te remercie Julia, de nous envoûter avec la beauté de tes mots, et merci aux anges gardiens qui te guident dans cette merveilleuse aventure !
Et n'oublie pas que j'attends toujours qu'on se le boive, ce champagne !!!!

Citations :

« J'étais devenue une sorte de paria à l'instar de Zack qui s'élevait au rang de star du lycée avec ses sourires à faire fondre un iceberg. Ne vous demandez plus d'où provient le réchauffement climatique, jetez un spécimen de ce genre dans un lycée et vous verrez le taux hormonal et la température monter en flèche ! »

« J'avais la bouche et les yeux pleins de larmes. J'ai tout à coup pris conscience que j'avais peur de le perdre et de ne plus jamais l'entendre prononcer mon prénom. Jamais je n'avais entendu une personne dont la voix ait le pouvoir de révéler la nature de ma personnalité. Dès que mon prénom franchissait ses lèvres, je me sentais vivante et reconnue, je devenais quelqu'un. Je ne le connaissais que depuis deux jours, et pourtant j'avais le sentiment que quelque chose d'intense nous unissait, situé entre l'amour et la haine. »

"J'étais totalement étourdie par l'attraction sensuelle qui l'entourait, c'était comme si une aura de bien-être et de beauté enveloppait toute sa personne et le rendait irrésistible. »
 
« La mélancolie et la tristesse vibraient dans ses grands lacs gris, j'avais l'impression qu'il partageait ma souffrance. Souffrance de ne pas savoir si j'avais le droit de l'aimer et s'il m'aimerait en retour. »

« Même si ma raison m'ordonnait d'éviter ce garçon qui m'inspirait tant de sentiments contradictoires, j'étais totalement sous son emprise. »
 
« En la présence de l'oiseau de nuit je ne me sentais plus seule, comme si la chouette et moi partagions un même secret, le même lien avec les ténèbres. L'oiseau de mort et la fille annonciatrice de la mort étaient devenus inséparables, unis par un pacte scellé dans leurs regards ensanglantés. J'avais l'impression de m'être dédoublée, une partie de mon esprit s'était évadée de mon enveloppe charnelle pour prendre la forme d'une chouette impériale.»
 
« J'ai réalisé que j'avais le choix entre un amour passionnel voué à l'échec, mais incroyablement violent et séduisant, et un amour tendre et simple, fait pour durer aux côtés d'un garçon gentil et adorable. »
 
"J'aimais Isaac, profondément, viscéralement, et lui aussi. Dans mon ventre, un ballet de papillons frémissait, électrisant chacun de mes sens comme pour me rappeler qu'il avaient toujours été là et qu'il était inutile de résister face à l'amour que je ressentais pour Isaac. Nous étions liés par un Pacte, par quelque chose de surnaturel qui avait pris sa source dans un passé dont nous ignorions tout. Tout cela était insensé et puisant, pourtant, je ne pouvais plus nier la réalité : Isaac et moi nous aimions depuis toujours."
 
« Tout ce que j'avais ressenti, tout ce que j'avais pris pour de la manipulation était bien réel. Mes sentiments, les siens, les battements frénétiques de mon coeur quand ses yeux croisaient les miens, tout était vrai […] J'avais le choix et c'est lui que je voulais choisir. »